sábado, agosto 19, 2006
LES AMOUREUX


Les amoureux se taisent.

L´amour est le silence le plus fin,

le plus hésitant, le plus insupportable.

Les amoureux cherchent,

les amoureux sont ceux qui abandonnent,

ils changent, ce sont eux qui oublient.

Leur cœur leur dit qu´ils ne trouveront jamais,

ils ne trouvent pas, ils cherchent.


Les amoureux sont comme des fous

parce qu´ils sont seuls, seuls, seuls,

à s´abandonner, à se donner à tout moment,

à pleurer parce qu´ils ne sauvent pas l´amour.

L´amour les préoccupe. Les amoureux

vivent au jour le jour, ils ne peuvent, ils ne

savent pas faire autre chose.

Ils s´en vont tout le temps,

toujours, vers quelque part.

Ils attendent,

ils n´ont d´espoir en rien mais ils attendent.

Ils savent qu´ils ne trouveront jamais.



L´amour est la perpétuelle rallonge,

toujours le prochain pas, l´autre, et puis l´autre.

Les amoureux sont les insatiables,

ceux qui toujours, heureusement ! seront seuls.


Les amoureux sont l´Hydre de l´histoire.

Ils ont des serpent à la place des bras.

Les veines de leur cou enflent

comme des serpentes pour les asphyxier.

Les amoureux ne peuvent dormir

parce que s´ils dorment les vers vont les manger.


Dans le noir, ils ouvrent les yeux

et la terreur tombe dessus.


Ils trouvent des scorpions sous les draps

et leur lit flotte comme sur lac.


Le amoureux sont fous, ils ne sont que fous,

sans Dieu et sans diable.


Les amoureux sortent de leur caverne

tout tremblants, affamés,

pur chasser la fantôme.

Ils se rient de ceux qui savent tout,

de ceux qui aiment à perpétuité, pour le vrai,

de ceux qui croient que l´amour est une lampe à

l´huile inépuisable.


Les amoureux jouent des jeux : attraper l´eau,

tatouer le brouillard, ne pas s´en aller.

Ils jouent au long, au triste jeu de l´amour.

Personne ne doit se résigner.


Ils disent que personne ne doit se résigner.

Les amoureux ont honte de tout conformation.



Vides, vides de part en part,

la mort fermente derrière leur yeux,

et ils marchent, ils pleurent jusqu´à l´aube

quand trains et coqs prennent leur douloureux

congé.


Ils sentent parfois le parfois le parfum d´une terre qui

Vient de naître,

l´odeur de femmes qui dorment une main qui sur le

sexe, satisfaites,

le parfum de sources de terre tendre, l´odeur de

cuisines.

Les amoureux se mettent à chantonner des

chansons

qu´ils n´ont pas apprises.

Et ils s´en vont en pleurant, en pleurant

la belle vie.





Por Jaime Sabines.

Fotografías Montecarlo Ballets

 
posted by El Tanguero Nocturno at 9:32 a.m. | Permalink |


5 Comments: